Page:Œuvres de Blaise Pascal, II.djvu/98

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PREMIÈRE LETTRE DU P. NOËL, A PASCAL*.

A Monsieur Pascal, à Paris.

Monsieur,

J'ay leu vos Expériences touchant le vuide, que j'estime fort belles et ingénieuses, mais je n'entends pas ce vuide apparent qui paroist dans le tube aprez la descente, soit de l'eau, soit du vif argent. Je dis que c'est un corps, puisqu'il a les actions d'un corps, qu'il transmet la lu- mière avec refractions et reflexions, qu'il apporte du re- tardement au mouvement d'un autre corps ^, ainsy qu'on peut remarquer en la descente du vif argent, quand le tube plain de ce vuide par le haut, est renversé ; c'est donc un corps qui prend la place du vif argent. Il faut maintenant veoir quel est ce corps.

Présupposons- que, comme le sang qui est dans les

��1 . Souvenir d'Aristote : Kai ofjXov oxi s! oato av aavoTSoov /at xs- vwTspov 7) àvci) oiaÔTj'asTat, s'. ok'x>z sI't] xevov, Tayiax' av «ps'poiTO. Phys., IV, 217 a. 6. Ed. Pranti, Teubner, 1879, p. 78.

2. Est-il besoin de faire remarquer à quel point cette présupposi- tion est scolastique et tout à fait étrangère à la doctrine cartésienne ? Il suffit de se rapporter au manuel de philosophie de Raconis : « Sententia Aristotelis et Peripateticorum est esse quatuor non plura nec pauciora, ignem, aërem, aquam, et terram. » (5^ édit. de i633, 3^ partie, Physica, p. 376.) Or parce qu'il y a quatre éléments dans la nature, il y a quatre humeurs dans l'organisme : «Quatuor commu- niter humores admittuntur : Jlava bilis aliter choiera, sanguis, pituiia et melanchoUa, quatuor elementis, et quatuor aetatibus respondentes.. Bilis respondet igni, quia calida et sicca est, refertque adolescentiam ; sanguis aëri, quia humidus et calidus, et refert juventutern, etc. » (p. 700).

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