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ŒUVRES

de Saint-Evremond sur la Dévotion feinte qui est plus près, comme le fait remarquer M. Giraud dans une récente étude de la Revue des Deux Mondes, du libertinage que de l'ascétisme[1].

L'incertitude qu'entraîne la forme réservée de l'attribution anonyme n'est nullement dissipée par les conditions dans lesquelles se présente à nous le recueil du fonds de St Germain-Gesvres. Elle est encore accrue par l'examen d un second manuscrit du Discours sur les passions de l'amour que M. Gazier a découvert à la Bibliothèque Nationale, et que M. Giraud a étudié[2]. Ce second manuscrit, qui est une copie indépendante de 19303, et qui permet une très notable amélioration du texte, ne donne aucun nom d'auteur. On peut supposer, il est vrai, que le nom figurerait, avec le titre, sur une couverture, qui n'aurait pas été conservée ; toujours est-il que la première page du manuscrit ne contient que le titre : Discours sur les passions de l'amour.

Bref, les critères extérieurs ne nous permettent de rien dire, sinon qu'on attribue ce Discours à Pascal. Nous ne savons pas qui est cet on, et quel degré de confiance il convient de lui accorder. L'attribution à Pascal demeure donc matière de doute ; remarquons seulement qu'elle n'est pas matière de

  1. A ce propos, M. Giraud fait encore observer que la lettre de Saint-Evremond ayant été imprimé en 1705, au tome Ier des Œuvres meslées, publiées à Londres, chez Jacob Tronson, la copie manuscrote a dû être prise antérieurement à cette date, et la copie du Discours pourrait être également faite avant 1705 (Loc. cit., p.803, n°1).
  2. C'est une petite brochure de 52 p., qui avait d'abord été classée parmi les imprimés ; elle a été versée au département des manuscrits vers 1880 (elle porte dans les Nouvelles acquisitions française le numéro 4015); c'est à ce moment sans doute que le Discours a été relié avec le Pater Noster des Jésuites. Ici encore, la présence à côté du Discours d'un écrit qui rappelle de près les préoccupations religieuses de Pascal peut n'être qu'une coïncidence ; cette coïncidence même sera cependant de nature à ajouter quelque poids, aussi faible que l'on voudra, à l'hypothèse d'une origine janséniste du manuscrit.