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INTRODUCTION

I. — HISTORIQUE DE LA PREMIÈRE LETTRE.

D’après le rapport qui lui avait été fait par les examinateurs les 1er et 2 décembre 1655, la Faculté de théologie de Paris décida de juger d’abord la question de fait et de rechercher si Arnauld avait été téméraire en affirmant que, à son sens, les cinq propositions n’étaient point dans Jansénius. Les docteurs opinèrent sur cette question du 10 décembre au 14 janvier, et, lorsque le syndic compta les suffrages sur le « plumitif », il trouva « environ » 71 docteurs favorables à Arnauld, 130 contraires et de 8 à 15 indifférents. Aussitôt commencèrent les discussions sur la question de droit et sur l’accusation d’hérésie.

Arnauld, dès le 14 octobre, s’était caché : de sa retraite, où il était journellement tenu au courant des événements par des docteurs amis, par son frère et par d’autres laïcs encore, il envoyait à la Faculté de nombreux mémoires justificatifs. Pascal vint le rejoindre au début de janvier, comme le montre une lettre du 3 ou du 4 janvier 1606 que la Mère Angélique adressa à son frère. « Encore que nous ayons esté consolées de voir mon cher neveu de Saci, neantmoins ç’a esté avec douleur de vous sçavoir seul ; et s’il ne falloit pas aimer tout ce que Dieu fait, je regretterois le pauvre frere Simon [M. de Séricourt, mort en 1650] sur qui je me reposois avec asseurance pour son grand soin. On m’a dit que vous auriez M. Pasqual, j’en suis bien aise. Mais cela n’est bon que pour le spirituel ; pour le reste, je ne sçay à qui vous pensez. Il vout faut quelqu’un ; vous pouvez choisir et dire votre pensée….. » (Copie de la Bibliothèque Nationale, ms. fr. 17790.)

Dès le 23 janvier, la Censure paraissait presque certaine ;