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Page:Œuvres de Blaise Pascal, IV.djvu/321

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TROISIÈME PROVINCIALE 215

en est differente, puis qu’il ne nous en paroist autre chose qu’une parfaite conformité. Quand nous en reconnoistrons le mal, nous l’aurons en detestation; mais tant que nous ne le verrons point, et que nous n’y 1 verrons que les sentimens des saints Peres conceus et exprimez en leurs propres termes, comment pourrions nous l’avoir sinon en une sainte veneration ?

Voila de quelle sorte ils s’emportent ; mais ce sont des gens trop penetrans. Pour nous qui n’aprofondissons pas tant les choses, tenons nous en repos sur le tout. Voulons nous estre plus sçavans que 2 Messieurs nos Maistres? N’entreprenons pas plus qu’eux. Nous nous égarerions dans cette recherche. Il ne faudroit rien pour rendre cette Censure heretique. La verité est si delicate, que 3 si peu qu’on s’en retire, on tombe dans l’erreur : mais cette erreur est si deliée, que 4 sans mesme s’en éloigner, on se trouve dans la verité 5 . Il n’y a qu’un point imperceptible entre cette proposition et la foy. La distance en est si insensible, que j’ay eu peur en ne la voyant pas, de me rendre contraire aux Docteurs de l’Eglise, pour me rendre trop conforme aux Docteurs

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1. A 2 B. [trouverons],

2. A 2 B. Messieurs, manque.

3. A 2 , [pour].

4. A 2 , [pour peu qu’on] s’en [éloigne] ; WB. omettent toute la phrase.

5. Cf. Pensées, fr. 82, T. II, p. 13 : « La justice et la verité sont deux pointes si subtiles, que nos instruments sont trop mousses pour y toucher exactement. S’ils y arrivent, ils en ecachent la pointe, et appuyent tout autour, plus sur le faux que sur le vray. »