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INTRODUCTION

La crainte augmentait de jour en jour chez les amis de Port-Royal. On décidait en Sorbonne de priver de leurs droits « d’hospitalité et de société » tous les adversaires de la censure. Du monastère des Champs, on écrivait à d’Asson de Saint-Gilles, le 23 mars, que les solitaires demeurant « tant dans la basse cour de l’Abbaie qu’à la ferme appelée les Granges » étaient partis, et que c’était « une grande desolation de voir ce saint lieu maintenant si desert ».

Le 24, la Mère Angélique écrivait de même à la reine de Pologne: « ....Enfin tous nos hermites sont sortis d’icy : il n’y reste plus que mon frere d’Andilly, et il faut qu’il sorte aussi, n’ayant pu obtenir de la Reyne, quoy qu’elle luy fasse l’honneur d’avoir de l’affection pour luy, d’y demeurer. Tout ce qu’on a pu obtenir, c’est qu’il ne vint point de commissaire les en chasser sur l’assurance qu’on obeïroit, comme on a fait. Nostre valée a esté vrayment une valée de larmes, tous les Messieurs, et les Enfans qui estoient quinze, estant si affligez d’estre obligez de quitter ce lieu, que cela faisoit une grande pitié. Mais enfin il faut obeïr à Dieu en tout; aussi sont-ils trés soumis à sa sainte volonté. Nous attendons le reste des effets des menaces pour nos Confesseurs et le dedans dont le principal me regarde. J’espere que la bonté de Dieu nous soutiendra toujours ; peut-estre ne pourray-je plus avoir l’honneur d’escrire à Vostre Majesté. Mais rien, Dieu aydant, ne me pourra empescher de prier Dieu pour elle.... »

Tout Port-Royal s’attendait à de plus grandes rigueurs. Le même jour, un jésuite, le P. Le Conte, visita aux Champs sa cousine la prieure, et lui fit entendre de si dures menaces