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RÉCITS DU MIRACLE DE LA SAINTE ÉPINE

Royal, mais encore à sa foi. Quelques jours devant il eut un entretien avec un homme qui n’avoit point de Religion, et qui concluoit de ce qui se passoit dans l’Eglise, qu’il n’y avoit point de Providence. « Car, disoit-il, il est évident qu’il n’y a rien de plus injuste que de persécuter comme hérétiques des personnes qui doutent d’un fait non revélé et indifferent à la Religion, tel qu’est celui de Jansenius. Comment donc, ajoutoit-il, si Dieu se mêle de nos affaires, si la Religion est son œuvre par excellence, si l’Eglise est le Royaume de la vérité, comment peut-il arriver que les seuls Théologiens, qui défendent toute vérité, soient opprimés, excommuniés, et sans ressource soit du côté des hommes, soit du côté de Dieu qui garde un profond silence ? » A ce discours du libertin, M. Paschal répondit sans hésiter, qu’il croyoit les Miracles nécessaires et qu’il ne doutoit point que Dieu n’en fit incessamment[1].

La joie qu’il eut de voir le Seigneur s’intéresser, si on peut parler ainsi, à la parole qu’il avoit donnée, fut si grande qu’il en étoit penetré…[2]

  1. Dans l’interlocuteur de Pascal, on est tenté de reconnaître Méré.
  2. Selon Fontaine, Pascal changea alors son cachet, et s’en fit graver un « qui representoit un ciel (d’autres copies manuscrites écrivent un œil) renfermé dans une couronne d’épines, avec ces mots : Scio cui credidi », mots empruntés à St Paul, II Tim. I, 12 : Patior sed non confundor, scio enim cui credidi, et certus sum quia potens est depositum meum servare in illum diem. Nous donnons ci-contre la reproduction agrandie du cachet de Pascal où se voit un ciel, et de celui de Perier où est figuré un œil. Celui de Pascal est reproduit d’après A. Gazier, Port-Royal au XVIIe siècle, pl. 129 (on pourra voir aussi dans cette publication une reproduction du cachet que fit graver à cette date le monastère de Port-Royal). Le cachet des Perier a été photographié sur une lettre qui se trouve à la Bibliothèque Nationale, ms. 17054, p. 493 (une autre empreinte se trouve à la Bibliothèque Mazarine, ms. 4551). Sur ces armes de Perier, cf. dans l’introduction à la 17e Provinciale les lettres qui lui furent adressées au début de 1657. Ainsi se trouve expliquée la prétendue confusion due à un copiste, erreur que Sainte-Beuve lui-même a accréditée dans son Port-Royal T. III, p. 184 et note.
2e  série. I
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