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SEPTIÈME PROVINCIALE 103

in 1[t. 3.] disp. 4. q. 8. d. 4. n. 69. que la chose soit de grand prix au jugement d’un homme prudent. Et Layman, et Filiutius en parlent de mesme. Ce n’est rien dire, mon Pere, où ira-t’on chercher un homme prudent, dont la rencontre est si rare, pour faire cette estimation? Que ne determinent-ils exac- tement la somme? Comment, dit le Pere, estoit-il si facile à vostre avis, de comparer la vie d’un homme et d’un Chrestien à de l’argent? C’est icy où je veux vous faire sentir la necessité de nos Casuistes 2. Cherchez moy dans tous les anciens Peres pour combien d’argent il est permis de tuer un homme. Que vous diront-ils sinon, Non occides; vous ne tuerez point 3? Et qui a donc ozé determiner cette somme, respondis-je? C’est, me dit-il, nostre grand et incomparable Molina, la gloire de nostre Societé, qui par sa prudence inimitable, l’a estimée à 6. ou 7. ducats, pour lesquels il asseure qu’il est permis de tuer, encore que celuy qui les emporte s’enfuye 4. C’est en son t. 4. tr. 3. disp. 16. d. 6. Et il dit de plus au mesme endroit : Qu’il n’oserait condamner d’aucun peché un homme qui tue celuy qui luy veut oster une chose de la valeur d’un escu ou moins : unius aurei, vel minoris adhuc valo-

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1. Toutes les éditions, par erreur [2. 2.]. — Cf. ce texte de Tanner, supra p. 70.

2. W. quantum Doctoribus nostris debeat orbis.

3. Exod. XX, 13.

4 . W . incorpore encore cette phrase dans le texte de Pascal : hic.... rem totam sex aut septem ducatis æstimavit, pro quibus furem tametsi fugientem interfîci posse decernit. — Cf. le texte de Molina, supra p. 71 sq.