Page:Œuvres de Blaise Pascal, V.djvu/129

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HUITIÈME PROVINCIALE. — INTRODUCTION 113

rent aujourd’huy, et qui font tant de bruit dans le monde, ne soit un Janseniste ; si toutefois c’est un seul homme, et non plûtost tout le parti ; à qui si l’on demandoit son nom, comme le Sauveur le demanda au demon qui tourmentoit ce mal-heureux endiablé, qui faisoit sa demeure dans les tombeaux, il répondroit comme luy : Le nom que je porte, est legion, car nous sommes plusieurs ; puisque les premières Lettres defendent la doctrine de Jansenius, condamnée sous ce nom, du crime infame d’heresie par le S. Pere; et que les suivantes attaquent les Jesuites, qu’ils blasment d’avoir esté les premiers, qui ont découvert, et attaqué les intolerables erreurs qui composent le livre de Jansenius : Les diverses Réponses que l’on a faites aux premières Lettres, qui regardent la doctrine des Jansenistes condamnée par l’Eglise, leur ont fait tomber les armes des mains, et abandonner la defense de ces fameuses Propositions, qui après les anathemes de Rome, sont en horreur à tous les bons Catholiques, et à tous ceux qui n’ont pas encore perdu la foy ; et leur ont fait changer la façon de combattre, non plus en se defendant, comme ils ont fait jusques à maintenant, mais en attaquant; non pas au sujet de la doctrine, sur laquelle ils ont tousjours esté battus ; mais par accusations, et calomnies ; qui est la meilleure de leurs défenses, ne cedant en cela à aucun de leurs prédécesseurs, les Heretiques.

Le premier sentiment des attaquez estoit.... de mépriser la fausseté de leurs accusations .... Mais puisque leur patience à souffrir, et leur modestie à se taire, est une partie du scandale qu’apporte leur accusation ; il faut donner aux Lecteurs de ces infames Lettres du contre-venin, afin que le poison qu’on leur a présenté dans la couppe d’or de Babylone, ainsi que parle l’Ecriture, c’est à dire sous l’agréement de quelques paroles bouffonnes et railleuses, n’ait pas le malheureux effet qu’ont pretendu ces Ecrivains heretiques, vrais empoisonneurs des Ames ; et qu’ils n’ayent non plus de succès dans leurs calomnies, qu’ils n’en ont eu dans leur mauvaise doctrine

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