Page:Œuvres de Blaise Pascal, V.djvu/156

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140 ŒUVRES

Peres ont pris un soin particulier ; car ils detestent si fort ce vice qu’Escobar dit au tr. 3. ex. 5. n. I 1. que de dire que l’usure n’est pas peché, ce serait une heresie. Et nostre Pere Bauny dans sa Somme des Pechez c. 14 2 remplit plusieurs pages des peines deuës aux usuriers. Ils les declare infames durant leur vie, et indignes de sepulture apres leur mort. O mon Pere, je ne le croyois pas si severe ! Il l’est quand il le faut, me dit-il ; mais aussi ce sçavant casuiste ayant remarqué qu’on n’est attiré à l’usure que par le desir du gain, il dit au mesme lieu. L’on n’obligeroit donc pas peu le monde, si le garantissant des mauvais effets de l’usure, et tout ensemble du peché qui en est la cause, l’on luy donnait le moien de tirer autant et plus de profit de son argent par quelque bon et legitime employ, que l’on n’en tire des usures. Sans doute, mon Pere, il n’y auroit plus d’usuriers après cela. Et c’est pourquoy, dit-il, il en a fourni une methode generale pour toutes sortes de personnes; Gentilshommes, Presidens, Conseillers, etc. et si facile qu’elle ne consiste qu’en l’usage de certaines paroles qu’il faut prononcer en prestant son argent, ensuite desquelles on peut en prendre du profit, sans craindre qu’il soit usuraire, comme il est sans doute qu’il l’auroit esté autrement. Et quels sont donc ces termes mysterieux, mon Pere ?

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1. W. ne donne pas la référence, et ne met pas la phrase en caractères italiques. — Cf. le texte d’Escobar, supra p. 125.

2. W. c. 14., manque. — Cf. cette citation de Bauny et les suivantes, supra p. 120 sq.