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NEUVIÈME PROVINCIALE 201

Somme des veritez capitales de la Religion, 1 [l.] 2. p. 419. C’est un effet, dit-il, de justice commutative, que tout travail honneste soit recompensé ou de louange, ou de satisfaction... Quand les bons esprit font un ouvrage excellent, ils sont justement recompensez par les louanges publiques.... Mais quand un pauvre esprit travaille beaucoup pour ne rien faire qui vaille, et qu’il ne peut ainsi obtenir de louanges publiques, afin que son travail ne demeure pas sans recompense, Dieu luy en donne une satisfaction personnelle, qu’on ne peut luy envier sans une injustice plus que barbare. C’est ainsi que Dieu qui est juste donne aux grenoüilles de la satisfaction de leur chant.

Voilà, luy dis-je, de belles decisions en faveur de la vanité, de l’ambition, et de l’avarice. Et l’envie, mon Pere, sera-t’elle plus difficile à excuser ? Cecy est delicat, dit le Pere. Il faut user de la distinction du P. Bauny dans sa Somme des pechez: Car son sentiment c. 7. p. 123. de la 5. et 6. edition 2 est que l’envie du bien spirituel du prochain est mortelle, mais que l’envie du bien temporel n’est que venielle. Et par quelle raison, mon Pere . Escoutez-la, me dit- il. Car le bien qui se trouve és choses temporelles, est si mince, et de si peu de consequence pour le ciel, qu’il est de nulle consideration devant Dieu et ses Saints. Mais, mon Pere, si ce bien est si mince et de

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1. Toutes les éditions par erreur: [p.] 2. — Cette citation est empruntée à la Théologie Morale d’Arnauld, cf. supra p. 166 sq.

2. Cette citation est empruntée à la Théologie Morale, cf. supra p. 168. Cf. le texte de Bauny, supra p. 169.