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NEUVIÈME PROVINCIALE 205

chose, quoy qu’on l’ait faite effectivement, en entendant en soy-mesme qu’on ne l’a pas faite un certain jour, ou avant qu’on fust né, ou en sous-entendant quelqu’autre circonstance pareille, sans que les paroles dont on se sert, ayent aucun sens qui le puisse faire connoistre. Et cela est fort commode en beaucoup de rencontres, et est toujours tres-juste quand cela est necessaire, ou utile pour la santé, l’honneur, ou le bien.

Comment, mon Pere, et n’est-ce pas là un mensonge, et mesme un parjure ? Non, dit le Pere ; Sanchez le prouve au mesme lieu, et nostre P. Filliucius aussi tr. 25. C. II . n. 331 1. parce, dit-il, que c’est l’intention qui regle la qualité de l’action. Et il y donne encore n. 328. un autre moyen plus seur d’eviter le mensonge. C’est qu’apres avoir dit tout haut : Je jure que je n’ay point fait cela, on adjoute tout bas : aujourd’huy : ou qu’apres avoir dit tout haut, je jure; on dise tout bas, que je dis, et que l’on continue ensuite tout haut, que je n’ay point fait cela. Vous voyez bien que c’est dire la verité. Je l’advouë, luy dis-je; mais nous trouverions peut-estre que c’est dire la verité tout bas, et un mensonge tout haut ; outre que je craindrois que bien des gens n’eussent pas assez de presence d’esprit pour se servir de ces methodes. Nos Peres, dit-il, ont enseigné au mesme lieu en faveur de ceux qui ne sçauroient trouver ces restrictions, qu’il leur

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1. Cf. ces textes de Filliucci, supra p. 187 sq.

2. B, [pas user de]