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NEUVIÈME PROVINCIALE 213

l’Evangile, une autre à la consecration, et la derniere à la communion. Certainement, mon Pere, on entendra la Messe dans Nostre-Dame 1 en un instant par ce moyen. Vous voyez donc, dit-il, qu’on ne pouvoit pas mieux faire pour faciliter la maniere d’oüyr la Messe.

Mais je veux vous faire voir maintenant comment on a adouci l’usage des Sacremens, et sur tout de celuy de la Penitence. Car c’est là où vous verrez la derniere benignité de la conduite de nos Peres : et vous admirerez que la devotion qui estonnoit tout le monde 2, ait pu estre traitée par nos Peres avec une telle prudence, qu’ayant abbatu cet épouvantail que les demons avoient mis à sa porte ; ils l’ayent renduë plus facile que le vice, et plus aisée que la volupté ; en sorte que le simple vivre, est incomparablement plus malaisé que le bien vivre, pour user des termes du Pere le Moyne p. 244. et 291. de sa Devotion aisée 3. N’est-ce pas là un merveilleux changement ? En verité, luy dis-je 4, mon Pere ; je ne puis m’empescher de vous dire ma pensée. Je crains que vous ne preniez mal vos mesures, et que cette indulgence ne soit capable de choquer plus de monde que d’en attirer. Car la Messe par exemple est une chose si grande et si sainte qu’il suffîroit pour faire perdre

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1. W. Parisiis.

2. W. quam omnes expavescebant.

3. Cf. ces textes de Le Moyne, supra p. 177 sqq. La première phrase se trouve à la page 9 de la Dévotion aisée.

4. W. nonnihil me aperiens.