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SIXIÈME PROVINCIALE. — INTRODUCTION 9

II — SOURCES

A. — LES « VERITES ACADÉMIQUES » D’HERMANT

[HERMANT.] — Veritez Academiques ou Refutation des prejugez populaires dont se servent les Jesuites contre Université de Paris. Paris, 1643, 334 p. in-12.

p. 103. Je ne sçay ce que je dois le plus blâmer ou cette lourde ignorance, ou le dessein avec lequel ils se mettent à cette estude. Car il est certain qu’ils y apportent un esprit entierement preoccupé, et une volonté toute formée, d’accommoder la loy à la corruption du Siecle, et aux pratiques vicieuses, plustot que de reformer le Siecle, et corriger la pratique vicieuse par la loy. Comme si une maladie estoit moindre pour estre contagieuse, ils taschent d’excuser les crimes quand la corruption publique leur a donné quelque autorité dans le monde ; ils veulent qu’une meschante coutume ayt autant de force qu’un droit legitime : et comme si les commandemens de Dieu pouvoient changer par les differentes pratiques des hommes, ils donnent à l’air du temps ce qu’un esprit Chrestien donneroit aux inspirations celestes [p. 37 sq.]

p. 116. S’ils fomentent le vice en promettant l’impunité, ils l’enseignent par les escrits qu’ils publient en langue vulgaire, de peur ce semble qu’il y ait quelqu’un parmi le peuple qui puisse ignorer les plus noires abominations. Au lieu de s’arrester aux maximes generales, et aux loix fondamentales de la Loy de Dieu, et de l’Eglise, ils descendent aux dernieres particularitez ; et ce que la malice de l’Enfer peut concevoir de plus horrible, ce qu’ont ignoré les Siecles les plus depravez du Paganisme, toutes les ordures, et toutes les saletez qui peuvent faire rougir l’effronterie mesme, se trouvent en abregé dans le livre d’un Jesuite.

Je sçay qu’il y a eu des Caligules, des Nerons, et des Heliogabales, qui ont fait des affronts à la pudeur, et des outrages à la Nature : l’impudicité a esté l’ame de ces Monstres,