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346 ŒUVRES

qui luy a servi de Maistre. J’en veux marquer icy quelques-unes que j’ay choisies d’un grand nombre pour le faire rougir de sa lâcheté, s’il luy reste encore quelque pudeur.

I. IMPOSTURE [p. 363 sqq.]. — Que les Jesuites favorisent l’ambition des riches, et qu’ils ruinent la misericorde envers les pauvres, parce que Vasquez dit en son traitté de l’aumosne

c. 4. Que ce que les personnes du monde gardent pour relever leur condition, et celle de leurs parens, n’est pas appellé superflu, et qu’à peine trouvera-t’on qu’il y ait jamais de superflu dans les gens du monde, non pas mesme dans les Rois. Lettre 6. p. I ¹.

REPONSE. — A prendre les paroles de Vasquez dans le sens supposé que leur donne cet écrivain Janseniste, l’on diroit, qu’il veut dispenser les riches de l’obligation qu’ils ont de donner l’aumosne : Mais si vous allez à la source pour y trouver le veritable sens de l’Autheur, vous verrez avec étonnement qu’il enseigne tout le contraire [p. 369].

Vasquez dans cet excellent traitté prend à tâche de regler le devoir des riches, et de monstrer pour quelle raison ils sont obligez de secourir les pauvres dans leur besoin : et pour ce sujet il fait distinction des personnes Laïques, qui possedent de grands biens dans le monde, et des Ecclesiastiques qui joüissent des biens de l’Eglise. Quant aux Ecclesiastiques, il soutient qu’ils ne peuvent en seureté de conscience se servir des biens et des revenus de leurs benefices pour relever leur condition, ny celle de leurs parens, et qu’ils sont obligez de les employer au soulagement des pauvres, et mesme de s’en- querir de leurs besoins, parce qu’ils leur tiennent lieu de Peres 2 [p. 366].

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1. « Le Ministre du Moulin reproche aussi à l’Eglise, qu’elle ruine les aumosnes, mais d’une autre maniere, page 344. Par les Indulgences un homme est déchargé des aumosnes et oraisons enjointes, qui est un grand soulagement. Armill. ver. Indulg. Durand, dist. 20. q. 4. » (Note des Impostures).

2. Quod ex superfluo teneantur beneficiarii alere pauperes, illud juris etiam divini est: aliàs posset summus Pontifex dispensare, ut quis ex su-