Page:Œuvres de Blaise Pascal, V.djvu/367

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DOUZIÈME PROVINCIALE. — INTRODUCTION 351

et a ses enfans, n’y est pas obligé, presupposé qu’il ne la puisse soûtenir par quelque autre moyen legitime.

Secondement, que celuy qui est mal dans ses affaires, s’il se trouve dans une grande necessité qui approche de l’extréme, n’est pas obligé pendant qu’elle dure, de payer ses debtes ; mais seulement lorsqu’il en sera sorti.

En troisiéme lieu, que celuy qui a ruiné sa fortune, par des dépenses excessives, par le jeu et par les débauches, ne doit point s’excuser de satisfaire ses creanciers, sous pretexte qu’il ne le peut faire sans déchoir de sa condition, parce que c’est sa faute ; et par consequent il ne merite pas qu’on luy accorde aucun delay. Ce qui est à remarquer, dit ce Pere, à raison des nobles, qui pour paroistre au delà de ce que porte leur condition, contractent des debtes immenses qui vont à l’infini n. 28 ¹.

En quatriéme lieu, que ceux qui se sont enrichis par des moyens injustes, et qui ont relevé leur estat par des concussions et des usures, ne peuvent retenir le bien qu’ils ont mal acquis, sous couleur qu’il leur est necessaire pour vivre avec honneur selon leur condition presente : Mais qu’ils sont obligez de le restituer sans delay, et de s’acquiter de leurs debtes, mesme avec la perte de leur fortune, et de la splendeur de leur maison, lors principalement que leurs voleries sont connues de tout le monde... Quod est valde notandum pro multis hoc tempore, qui magnis fraudibus repente diuites et magni evadunt. Non enim possunt differre restitutionem usque ad mortem, sed tenentur statim restituere etiam cum dimissione status malè acquisiti. Lessius 1. 2.de Just. c. 16. dubit. I. n. 29.

_____________________________________________________________

1. « Si ad eas angustias tuâ calpâ sis redactiis, v. g. ludis, comessationibus, superfluis sumptibus, tune non mereris dilationem, neque debitorum ex contracta, neque ex delicto. Tibi enim imputare debes, quôd jam sine status amissione non possis satisfacere. Less. 1. 2. c. 16. d. I. n. 28. — Quod est notandum pro quibusdam nobilibus, qui débita sine fine contrahunt, ut supra conditionem sui status expendant. ibid. n. 28.» (Note des Impostures).