356 ŒUVRES
Mais n’est-il pas estrange, que ces propositions de Milhard, qui donnent de l’horreur à tous ceux qui ont les moindres sentimens de pieté, ayent paru si excellentes à ce Jesuite, qu’il ait crû leur faire tort s’il ne les rapportoit pas en leurs propres termes, les ayant mis tout du long en François dans des escrits Latins. Escoutons donc ces belles maximes.... [suivent les propositions de Milhard].
Voila la Doctrine de Milhard que ce Jesuite a jugée digne d’estre inserée dans ses Escrits. Et il est vray qu’il avoit droit de se l’approprier, puis qu’elle est originaire de sa Societé; comme il le reconnoist en declarant, que Milhard a pris cette opinion de Valentia celebre Jesuite. Laudat autem Milhardus suæ sententiæ authorem Valentiam to. 3. disp. 6. q. 16. puncto 3. his verbis.....
Mais la conclusion de ce Jesuite merite d’estre remarquée. Apres avoir employé huict ou dix grandes pages pour autoriser cette maxime pernicieuse, et avoir encore repeté sur la fin, qu’elle n’est pas esloignée de probabilité ; conclud par ces paroles : fatendum tamen est multis nominibus hanc sententiam esse suspectam : primo quia est contra communem sensum ; et secundo quia semper aperta praxis damnatur in foro Exteriori..... [p. 380].
Que si ceux qui ont quelque sentiment de pieté, et quelque zele pour la conservation de la pureté du Christianisme, s’estonnent de voir, que des Prestres et des Religieux enseignent des maximes si abominables, ils s’estonneront encore bien davantage quand ils sçauront qu’ils ne se sont pas contentez de l’enseigner dans leurs Escrits ; mais qu’ils les ont encore soustenuës publiquement : qu’ils les ont exposées aux yeux de toute une ville par des Theses qu’ils ont portées au Recteur de l’Université, et par toute la Ville de Caën ; et que sans craindre ny l’indignation des hommes, ny le Jugement de Dieu, ils ont osé defendre à la veuë du Soleil, ce qui ne meritoit que d’estre ensevely dans des tenebres honteuses, ou plustost d’estre aboly par le feu.
Voicy la proposition des Theses dans laquelle ils ont ren-
