Page:Œuvres de Blaise Pascal, X.djvu/54

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38 ŒUVRES

finist par où il avoit commencé, et que je vous asseu- rasse que cette année, que j'ay donnée à Dieu de bon cœur, ne vous a rien osté de tout ce que vous pourriez attendre de moy devant luy. Mon Dieu! quand je pense combien cette séparation 1 , qu'il sembloit que la nature devoit appréhender, s'est passée doucement, et com- bien cette année a esté tost passée, je ne puis m'empes- cher de désirer l'éternité, car en vérité le temps est peu de chose. Mais je ne veux pas m'engager dans un discours qui nous meneroit bien loin, et où je suis entrée sans y penser, car je ne vous escris ny pour cela ny mesme pour me donner cette consolation, puis qu'elle seroit bien indigne d'une Religieuse, qui n'en doit cher- cher qu'en Dieu, ny aussi pour vous donner quelque satisfaction, car je ne croy pas estre digne de cela ; mais c'est seulement et uniquement pour vous congra- tuler de ce que vous estes devenu père de famille, en une des manières dont Dieu mesme est nostre père, et pour vous demander pardon en mesme temps de la peine que je vous ay donnée en cela; car c'est moy qui vous l'ay procuré, et j'ay bien peur que vous en soyez incommodé. Je l'ay fait dans l'asseurance que j'avois que vous en auriez bien de la jo\e, et que le soin et l'in- commodité que vous en auriez ne dureroit pas, parce que M. R. 2 seroit bientost en estât de reprendre ces en- fans ; et en effet je croy que vous pouvez les renvoyer quand vous voudrez, pourveu seulement que vous luy en donniez avis. Je vous supplie très humblement de

��i. Jacqueline fut envoyée à Port-Royal-des-Champs le 6 ou le 7 novembre i65g.

2. Victor Cousin croit qu'il s'agit de Charles deRebergues; mais Rebergues n'avait que seize ans en 1660, et Marguerite Perier nous dit qu'il ne s'occupa de ses frères qu'en i664.

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