Page:Œuvres de Blaise Pascal, X.djvu/71

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LETTRE DE BLAISE PASCAL A MADAME PERIER, SA SŒUR 1

Ma chère sœur,

Je ne croypas que ce soit tout de bon que tu sois faschée ; car si tu ne l'es que de ce que nous t'avons oubliée, tu ne dois point l'estre du tout. Je ne te dis point de nouvelles, parce que les générales le sont trop et les particulières le doivent toujours estre. J'en aurois beaucoup à te dire qui se passent dans un entier secret, mais je tiens inutile de te les man- der ; tout ce que je te prie est de mesler les actions de grâces aux prières que tu fais pour moy, et que je te prie de multiplier en ce temps. J'ay moy-mesme avec l'aide de Dieu porté ta lettre, afin qu'on la fist tenir à Madame de Maubuisson 2 . Ils m'ont donné un

��i. Cette lettre, dont la trace a été perdue, a été publiée par Victor Cousin d'après l'autographe qui appartenait à la famille Hecquet d'Orval, descendant de Hecquet, le médecin janséniste du xvn e siècle. Une annotation manuscrite, assez réce'te, portait : « M. Pascal entend ici ce qui se traitait à Paris dans les Assemblées qui s'y tenaient sur la signature du Formulaire. » L'indication nous paraît assez suspecte ; en 1661, Madame Perier demeurait à Paris avec ses enfants, et elle ne semble pas avoir été en Auvergne. Le ton même de Pascal semble- rait, d'autre part, fort peu convenir. Ne pourrait-on penser que cette lettre fait allusion aux progrès accomplis par Pascal en i654 dans la voie de la conversion ?

2. En 1661, l'abbesse de Maubuisson est Catherine Angélique d'Orléans. — Si la date de i654 était admise, Pascal désignerait peut- être ici la Mère Marie des Anges Suyreau, ancienne abbesse de Mau-

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