Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/152

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

minoient pas infailliblement à persévérer dans le bien.

Mais qu’Adam, ayant par son libre arbitre mal usé de cette grâce et s’estant révolté contre Dieu par un mouvement de sa volonté et sans aucune impulsion de Dieu (ce qui seroit detestable à penser), a corrompu et infecté toute la masse des hommes, en sorte qu’elle a esté le juste objet de la colère et de l’indignation de Dieu. Ils entendent que Dieu a séparé cette masse toute également coupable et toute entière digne de damnation, qu’il en a voulu sauver une partie par une volonté absolue fondée sur sa miséricorde toute pure et gratuite, et que, laissant l’autre dans la damnation où elle estoit et où il pouvoit avec justice laisser la masse entière, il a preveu ou les péchez particuliers que chacun commettoit, ou au moins le péché originel dont ils sont tous coupables, et qu’ensuite de cette prévision, il les a voulu condamner.

Que pour cet effet Dieu a envoyé J.-C. pour sauver absolument et par des moyens très efficaces ceux qu’il a choisis et prédestinez de cette masse, qu’il n’y a que ceux là à qui il ait voulu absolument mériter le salut par sa mort, et qu’il n’a point eu cette mesme volonté pour le salut des autres qui n’ont pas esté délivrez de cette perdition universelle et juste.

Que néanmoins quelques-uns de ceux qui ne sont pas prédestinez, ne laissent pas d’estre appellez pour le bien des Eleus, et ainsi de participer à la Re-