Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/190

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II[1]

Saint Augustin et les Pères qui l’ont suivi, n’ont jamais parlé des Commandemens, qu’en disant qu’ils ne sont pas impossibles à la Charité, et qu’ils ne nous sont faits que pour nous faire sentir le besoin que nous avons de la Charité qui seule les accomplit.

(Aug. De nat. et grat., cap. 69 et de Perfect. justit. c. 10.)[2]. Dieu juste et bon n’a pu commander les choses impossibles ; ce qui nous avertit de faire ce qui est facile, et de demander ce qui est difficile. Car toutes choses sont faciles à la charité. Et ailleurs : Qui ne sçait que ce qui se fait par amour n’est pas difficile ? Ceux-là ressentent de la peine à accomplir les préceptes, qui s’efforcent de les observer par la crainte ; mais la parfaite charité chasse la crainte, et rend le joug du précepte doux ; et, bien loin d’accabler par son poids, elle soulevé comme si elle nous donnoit des ailes. Et cette charité ne vient pas de nostre libéral arbitre si la grâce de Jesus-Christ ne nous secourt, parce quelle est infuse et mise dans

  1. Ms. 12449, p. 710 à 712 avec ce titre : « Copie d’un feuillet détaché. » — C’est là une version plus longue et plus encombrée de citations du passage imprimé ci-dessus, p. 164 ; il semble bien que ce soit une première ébauche. Bossut en a publié le premier passage dans sa Dissertation, p. 491-493.
  2. Cf. ces textes de St Augustin empruntés à la Trias, supra p. 120 sq. et 122 sq.