Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/195

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l’homme en cet autre sens, sçavoir qu’il avoit toujours la force pour les accomplir, ou d’en demander le moyen à l’instant futur.

Je croy que cela suffît pour vous faire voir que le Concile a établi la possibilité des Commandemens en ce sens seul, qu’ils ne sont pas impossibles à la Charité, puisque cela paroist et par les propres termes du Concile, et par sa preuve, et par sa conclusion et par ses canons et par le sens que saint Augustin luy-mesme donne à ses propres paroles que le Concile n’a empruntées que dans ce mesme sens. Il reste maintenant à examiner quel est le sens du Concile touchant la possibilité des Commandemens pour l’avenir, et quel estceluy du reste des Pelagiens sur ce sujet.

Il suffîroit pour n’en dire que ce qui est nécessaire, de citer le canon XXII. du Concile qui déclare anatheme celuy qui dit que le Juste peut persévérer sans un secours spécial de Dieu[1] ; mais parce que je veux traitter cette matière en sorte qu’il ne vous en reste plus jamais aucun scrupule, je m’y etendray davantage.

Remarquez donc que toutes ces questions ne sont qu’une mesme :

Si les Justes au premier instant de la justice, ont le pouvoir prochain d’accomplir les préceptes dans l’instant suivant.

Si tous les Justes, dans le premier instant de

  1. Vide supra p. 108.