Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/212

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voulez, vous garderez les commandemens ; Venez à moy tous ; et toutes les choses de cette nature ; J’ay prévenu le Seigneur, etc., J’ay attendu, j’ay travaillé, etc. ne favorisent en aucune sorte l’erreur semi-pelagienne ; mais au contraire ces passages : C’est luy qui opère le vouloir et l’action ; Sans moy vous ne pouvez rien faire ; Nul ne vient à moy si le Père ne l’entraisne ; Ce n’est ny de celuy qui veut, ny de celuy qui court, etc. et tous ceux de cette nature qui sont en si grand nombre ruinent absolument cette erreur. Les premières sont équivoques, celles-cy sont univoques.

Et toutes ces expressions ne sont non plus contraires dans l’Ecriture que dans St Augustin, à cause des differens objets où elles se rapportent. Car vous sçavez que la contrariété des propositions est dans le sens et non pas dans les paroles, autrement l’Ecriture seroit pleine de contradictions, comme quand il est dit : Le Père est plus grand que moy ; et qu’il est dit ailleurs que Jesus-Christ est égal à Dieu ; Si je me glorifie moy-mesme', etc. De sorte que je me glorifie moy-mesme, etc. Et : on est justifié par la foy sans les œuvres. Et : La foy sans les œuvres est morte ; Et tous les autres de cette espèce.

Vous concevez donc bien que sans contradiction on peut dire que Dieu prévient l’homme, et que l’homme prévient Dieu ; Que les commandemens sont toujours possibles au Juste, et que quelques commandemens ne sont quelquefois pas possibles à quelques Justes ; Que Dieu ne quitte point le Juste, s’il