Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/297

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hommes sont contraints nécessairement et inévitablement à pécher ; puisqu’ils y estoient obligez, autant pour convaincre l’erreur de ceux qui les soûtenoient, que pour confondre la calomnie de ceux qui les leur imputoient[1] ;

Et qu’ainsi cette Proposition qu’ils ont esté forcez d’établir, que les Commandemens ne sont pas impossibles, ne soit autre chose que la négative de celle--

  1. Ici se trouve dans le manuscrit une page barrée, avec cette indication marginale deux fois répétée : bon ailleurs, de la même main que la copie, et selon le procédé employé par le copiste quand il reproduit les notes de Pascal. A. une croix placée ici, correspond une autre croix qui précède le passage : Et qu’ainsi… Voici le texte barré : « Car ce n’est pas une chose nouvelle que les hérétiques ayent attribué aux Catholiques et les erreurs et le nom des hérétiques opposez. Ce n’est pas une chose surprenante, dit saint Augustin, que ceux qui se séparent de l’Eglise luy donnent ces noms nouveaux ; les autres l’ont fait de mesme, quand ils s’en sont séparez comme eux [l. 1. Oper. imper f. n. 7. cf. supra p. 123].

    « C’est un artifice ordinaire et commun à tous ses ennemis. Les Luthériens l’ont suivi dans ces derniers tems. Ils ont imposé aux fidelles le nom de Pelagiens, comme les Pelagiens leur donnoient celuy de Manichéens, c’est à dire de Luthériens. Mais l’Eglise n’est point ébranlée par toutes ces agitations. Et soustenant dans son immobilité la puissance de la grâce contre ceux qui la nient, et la liberté de la volonté contre ceux qui la détruisent, elle apprend aux uns que la grâce ne ruine pas le libre arbitre, mais au contraire qu’elle le délivre, et aux autres que la coopération de la volonté n’oste rien à l’efficacité de la grâce parce qu’elle en est elle-mesme un effet.

    « Et ainsi il est manifeste qu’opposant toutes les veritez dont elle est dépositaire aux faussetez dont l’Enfer qui ne peut prévaloir contre elle, essaye en vain de les corrompre, on ne doit pas prétendre qu’elle ruine quelques points de la foy par les autres : Ny que les Pères ayent nié le libre-arbitre par les passages si formels de l’efficacité de la grâce, selon la prétention de Luther, ny qu’ils ayent ruiné la grâce par ceux du libre arbitre, puisque ces deux choses subsistent dans un accord parfait, et que le défaut [de cette connoissance est ce qui suscité ces erreurs contraires, Car, etc. etc. »