Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/320

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vostre lettre finit si court ny de vous demander des nouvelles particulières de toute la maison, de la santé de Mlle de Chalais, si la sœur Catherine est tousjours des vostres, si Mme Anne est mariée et si Madame a quelque fille auprès d’elle à sa place qui luy soit agréable. Je suis tout à fait faschée de ce que vous n’avez pas pu voir nostre première présidente dans son mal, car je m’imagine que vous eussiez mieux rencontré que tous les autres aussy bien que M. Laporte[1] qui a tousjours dit que ce n’estoit point un cancer, et en effet il me sembloit qu’on estoit bien prompt à luy donner ce nom, car il n’y avoit que douze jours qu’elle sentoit du mal lors qu’on fit une consultation en cette ville, où tous les médecins et chirurgiens dirent que c’estoit un véritable cancer, à la reserve de M. Laporte et d’un chirurgien qui soutinrent que ce n’en estoit pas ou pour le moins quand ce seroit qu’on ne le pourroit pas si tost connoistre, et il me sembloit qu’ils apuyoyent leur sentiment sur de bonnes raisons. Cependant tous les médecins et chirurgiens de Paris en ont eu un contraire et se sont trompez. Je n’ay pu m’empescher de croire qu’ils avoyent l’esprit si plein du mal de la Reine, que tout leur paraissoit cancer, et il me sembloit que vous regarderiez les choses si exactement que vous en jugeriez mieux que les autres et M. Laporte auroit esté bien aise que son opinion eust esté apuyée de la vostre, car il a une estime toute particulière pour vous. Il vous salue tres-humblement, et Mr Domat, Mr Perier et Mme Baudouin[2]. Margot Domat a esté à l’extrémité de la petite vérole, mais elle en est revenue. M. Guerrier nous mande toutes les obligations qu’il vous a ; je vous prie de croire que j’y prens une très-grande part. J’avois oublié de vous faire les recommandations de nos petits garçons et d’Anne, qui a plus de pratique icy que les meilleurs

  1. Sur Laporte, vide supra T. I, p. 157, n. 1, et T. II, p. 352.
  2. Madame Baudouin fut directrice de l’hôpital général à Clermont, de 1665, jusqu’à sa mort en 1700. Marguerite Perier lui succéda (Voir Potel, art. cité, p. 325).