Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

besoin de parler moi-même : il parle pour moi [1]. » Et il publie à la suite de cette lettre une série de fragments relatifs au miracle de la Sainte-Épine, que nécessairement Port-Royal avait exclus[2].

L’édition anonyme qui fut donnée à Londres en 1776[3] a été inspirée par le désir de reprendre l’œuvre de Port Royal. Condorcet en est l’auteur ; il avait écrit dans l’Éloge de Pascal, en faisant allusion au manuscrit — l’autographe, dit-on — dont il avait eu communication : « Ces pensées n’ont pas été toutes imprimées. Les amis de Pascal en ont fait un choix dirigé malheureusement par les vues étroites de l’esprit de parti. Il serait à désirer qu’on en fît une nouvelle édition, où l’on imprimerait plusieurs de ces pensées qui ont été supprimées, soit par une fausse délicatesse pour la mémoire de Pascal, soit par politique ; mais il faudrait en retrancher un plus grand nombre, que les dévots éditeurs ont publiées, tout indignes qu’elles sont de Pascal. » Condorcet ne blâme, on le voit, les libertés prises par les parents et les amis de Pascal que pour attribuer à l’éditeur futur le droit de s’en octroyer de toutes semblables, mais en sens inverse ; aussi, lorsqu’il réalise lui-même en 1776 le programme tracé quelques années auparavant dans l’Éloge, il ne faut pas s’étonner

  1. Œuvres, t. II, p. 254.
  2. Ibid., p. 257. — Bossut, à l’article XVI de sa seconde partie, a reproduit le texte tel qu’il a été donné et sur certains points complété par Colbert. Cf. fr. 840 et 853 notes.
  3. Sans nom d’éditeur. Il y a tout lieu de croire que Londres est ici, comme Lausanne pour l’édition Bossut, une indication fictive. L’aspect matériel des deux éditions présente d’ailleurs certaines ressemblances. Et l’abbé Bossut, qui a collaboré aux travaux scientifiques de Condorcet, n’était peut-être pas étranger à la communication des manuscrits dont nous parlons plus bas