Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/66

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et à la fin de l’année, qui était la trente-cinquième année de son âge et la cinquième de sa retraite, il retomba dans ses incommodités d’une manière si accablante qu’il ne pouvait plus rien faire les quatre années qu’il vécut encore, si on peut appeler vivre la langueur si pitoyable dans laquelle il les passa[1]. » Étienne Périer indique même dans la Préface que quelques-uns des fragments les plus développés sont de cette dernière période[2]. Marguerite Périer précise encore dans ses Mémoires : « M. Pascal avait accoutumé, quand il travaillait, de former dans sa tête tout ce qu’il voulait écrire sans presque en faire de projet sur le papier ; et il avait pour cela une qualité extraordinaire, qui est qu’il n’oubliait jamais rien, et il disait lui même qu’il n’avait jamais rien oublié de ce qu’il avait voulu retenir. Ainsi il gardait dans sa mémoire les idées de tout ce qu’il projetait d’écrire, jusqu’à ce que cela fût dans sa perfection et alors il l’écrivait. C’était son usage ; mais pour cela il fallait un grand effort d’imagination, et quand il fut tombé dans ses grandes infirmités, cinq ans avant sa mort, il n’avait pas assez de force pour garder ainsi dans sa mémoire tout ce qu’il méditait sur chaque chose. Pour donc se soulager, il écrivait ce qui lui venait à mesure que les choses se présentaient à lui, afin de s’en servir ensuite pour travailler comme il faisait auparavant de ce qu’il imprimait dans sa mémoire ; et ce sont ces morceaux écrits ainsi pièce par pièce, qu’on a trouvés après sa mort, qu’on a donnés et que le public a reçus avec tant d’agrément[3]. »

En définitive, et quel que soit leur intérêt intrinsèque,

  1. Cf. Pensées et opuscules de Pascal, Hachette, 1897, p. 22.
  2. Cf. Pièces justificatives, p. clxxxix.
  3. Cf. Faugère, Lettres et opuscules de la famille Pascal, p. 456.