Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Encore des personnalités ! dites-vous ; voilà maintenant que vous faites des personnalités contre Dieu. Que voulez-vous ! Dieu est, à la vérité, un fonctionnaire, et un haut fonctionnaire encore, bien que ses fonctions ne soient pas une sinécure ; mais je n’ai pas peur qu’il aille réclamer contre moi à la jurisprudence Bourdeau des dommages-intérêts, de quoi faire bâtir une église, pour le préjudice que j’aurai porté à son honneur.

Je sais bien que messieurs du parquet sont plus chatouilleux à l’égard de sa réputation qu’il ne l’est lui-même ; mais voilà précisément ce que je trouve mauvais. En vertu de quel titre ces hommes noirs s’arrogent-ils le droit de venger des injures qui lui sont toutes personnelles ? Ont-ils une procuration signée Jehova qui les y autorise ?

Croyez-vous qu’il soit bien content quand la police correctionnelle lui prend dans la main son tonnerre et en foudroie brutalement des malheureux, pour un délit de quelques syllables ? Qu’est-ce qui prouve, d’ailleurs, à ces messieurs, que Dieu a été offensé ? Il est là présent, attaché à sa croix, tandis qu’ils sont, eux dans leur fauteuil. Qu’ils l’interrogent ; s’il répond affirmativement, je consens à avoir tort. Savez-vous pourquoi il a fait choir du trône la dynastie des Capets, cette vieille et auguste salade de rois qu’avait imprégnée tant d’huile sainte ? Je le sais moi, et je vais vous le dire. C’est parce qu’elle a fait la loi sur le sacrilége.

Mais ce n’est pas là la question.

Qu’est-ce que vivre ? se lever, se coucher, déjeuner, dîner, et recommencer le lendemain. Quand il y a quarante ans qu’on fait cette besogne, cela finit par devenir bien insipide.

Les hommes ressemblent à des spectateurs, les uns assis sur le velours, les autres sur la planche nue, la plupart debout, qui assistent tous les soirs au même drame, et bâillent tous à se détraquer la mâchoire ; tous conviennent que cela est mortellement