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III
LETTRE DE C. TILLIER À TIMON.

d’école, je l’ai composé mon martinet d’une main et ma plume de l’autre. Bien des documents dont j’aurais pu tirer profit m’ont manqué ; car, ici, nous n’avons pas un magasin de statistique. Aussi, c’est moins un traité ex professo que j’ai voulu faire sur le meilleur système électoral à adopter, qu’une satire du déplorable système par lequel la France est divisée en quelques centaines de maîtres et des millions d’esclaves ; qui fait, de la première des nations, un troupeau ras-tondu, lequel trouve à peine à brouter, de çà, de là, quelques tiges amères. Le maçon démolit d’abord, c’est à l’architecte ensuite à reconstruire. Mes arguments sont plutôt acérés que contondants : ce sont des dards barbelés que j’enfonce sous la peau de mes adversaires. Je suis, moi, un soldat de troupes légères ; je ne sais pas faire tonner les gros canons de la logique. Escarmoucher avec l’ennemi, c’est tout ce que je veux et tout ce que je puis. Je vous dirais bien que c’est à vous, par une de ces belles charges que vous savez si bien faire et que vous faites avec tant de succès, de rompre et d’enfoncer son corps de bataille. Mais c’est une phrase qui serait trop louangeuse pour un pamphlétaire, et qui aurait un goût trop prononcé de dédicace.

Agréez l’assurance de l’admiration avec laquelle j’ai l’honneur d’être,

Votre dévoué serviteur,
C. TILLIER.