Page:Œuvres de Chapelle et de Bachaumont.djvu/53

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nière de coche fort délabré, tiré par quatre vilains chevaux et conduit par un vrai cocher de louage.

Un équipage en si mauvais ordre ne pouvoit être que ce que nous cherchions, et nous en fûmes assurés quand deux personnes qui étoient dedans, ayant reconnu nos livrées, firent arrêter ;

Et lors sortit avec grands ris
Un béquillard d’une portière
Basané, courbé, sec et gris,
Béquillant de même manière
Que Boyer béquille à Paris.

À cette démarche, qui n’eût cru voir M. Boyer ? Et cependant c’étoit le petit Duc avec M. Potel. Ils s’étoient tous deux servis de la commodité de ce carrosse, l’un pour aller à la maison de monsieur son frère auprès de Tours, et l’autre à quelques affaires qui l’appeloient dans le pays. Après les civilités ordinaires, nous retournâmes tous ensemble à la ville, où nous lûmes une lettre d’excuse qu’ils apportoient de la part de M. Boyer, et cette fâcheuse nouvelle nous fut depuis confirmée de bouche par ces messieurs. Il nous assurèrent que, nonobstant la fièvre qui l’avoit pris malheureusement cette nuit-là, il n’eût pas laissé de partir avec eux, comme il l’avoit promis, si son médecin, qui se trouva chez lui par hasard à quatre heures du matin, ne l’en eût empêché. Nous crûmes sans beaucoup de peine que, puisqu’il ne venoit pas après tant de serments, il étoit assurément

Fort malade et presque aux abois,
Car on peut, sans qu’on le cajole,