Page:Œuvres de Chapelle et de Bachaumont.djvu/87

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Par qui le fier Danois battu

Reconnut la grandeur romaine.

Nous vîmes, pour vous parler un peu moins poétiquement, cette belle et célèbre ville d’Arles, qui par son pont de bateaux nous fit passer de Languedoc en Provence. C’est assurément la plus belle porte. La situation admirable de ce lieu y a presque attiré toute la noblesse du pays, et les dames y sont propres, galantes et jolies, mais si couvertes de mouches, qu’elles en paroissent un peu coquettes. Nous les vîmes toutes au cours, où nous fûmes, faisant fort bien leur devoir avec quantité de messieurs assez bien faits. Elles nous donnèrent lieu de les accoster, quoique inconnus ; et, sans vanité, nous pouvons dire qu’en deux heures de conversation nous avançâmes assez nos affaires, et que nous fîmes peut-être quelques jaloux. Le soir, on nous pria d’une assemblée, où l’on nous traita plus favorablement encore. Mais avec tout cela ces belles ne purent obtenir de nous qu’une nuit, et le lendemain nous en partîmes, et traversâmes avec bien de la peine

La vaste et pierreuse campagne
Couverte encor de ces cailloux
Qu’un prince, revenant d’Espagne,
Y fit pleuvoir dans son courroux31.


31. La Crau, campagne appelée par les anciens Romain Campi lapidei. C’est, dit Pline (liv. III, ch. 4), un monument des combats d’Hercule, Herculis prœliorum memoria. Ce héros ayant à combattre quelques géants