Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/341

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conçois clairement et distinctement, c’est-à-dire toutes les choses, généralement parlant, qui sont comprises dans l’objet de la géométrie spéculative, s’y rencontrent véritablement.

Mais pour ce qui est des autres choses, lesquelles ou sont seulement particulières, par exemple, que le soleil soit de telle grandeur et de telle figure, etc. ; ou bien sont conçues moins clairement et moins distinctement, comme la lumière, le son, la douleur, et autres semblables, il est certain qu’encore qu’elles soient fort douteuses et incertaines, toutefois de cela seul que Dieu n’est point trompeur, et que par conséquent il n’a point permis qu’il pût y avoir aucune fausseté dans mes opinions, qu’il ne m’ait aussi donné quelque faculté capable de la corriger, je crois pouvoir conclure assurément que j’ai en moi les moyens de les connoître avec certitude. Et premièrement il n’y a point de doute que tout ce que la nature m’enseigne contient quelque vérité : car par la nature, considérée en général, je n’entends maintenant autre chose que Dieu même, ou bien l’ordre et la disposition que Dieu a établie dans les choses créées ; et par ma nature en particulier, je n’entends autre chose que la complexion ou l’assemblage de toutes les choses que Dieu m’a données.

Or il n’y a rien que cette nature m’enseigne plus expressément, ni plus sensiblement, sinon que