Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/42

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nique. Mais auparavant il établit les propriétés générales de l’espace, de la matière et du mouvement. D’abord, comme toutes les parties sont enchaînées, que nulle part le mécanisme n’est interrompu, et que la matière seule peut agir sur la matière, il faut que tout soit plein. Il admet donc un fluide immense et continu, qui circule entre les parties solides de l’univers ; ainsi le vide est proscrit de la nature. L’idée de l’espace est nécessairement liée à celle de l’étendue, et Descartes confond l’idée de l’étendue avec celle de la matière : car on peut dépouiller successivement les corps de toutes leurs qualités ; mais l’étendue y restera, sans qu’on puisse jamais l’en détacher. C’est donc l’étendue qui constitue la matière, et c’est la matière qui constitue l’espace. Mais où sont les bornes de l’espace ? Descartes ne les conçoit nulle part, parceque l’imagination peut toujours s’étendre au-delà. L’univers est donc illimité : il semble que l’âme de ce grand homme eût été trop resserrée par les bornes du monde ; il n’ose point les fixer. Il examine ensuite les lois du mouvement : mais qu’est-ce que le mouvement ? c’est le plus grand phénomène de la nature, et le plus inconnu. Jamais l’homme ne saura comment le mouvement d’un corps peut passer dans un autre. Il faut donc se borner à connoître par quelles lois générales il se distribue, se conserve ou se détruit ; et c’est ce que personne n’avoit cherché