Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/451

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changement de figure. Or nous n’avons aucun argument ni aucun exemple qui nous persuade que la mort, ou l’anéantissement d’une substance telle qu’est l’esprit, doive suivre d’une cause si légère comme est un changement de figure, qui n’est autre chose qu’un mode, et encore un mode non de l’esprit, mais du corps, qui est réellement distinct de l’esprit. Et même nous n’avons aucun argument ni exemple qui nous puisse persuader qu’il y a des substances qui sont sujettes à être anéanties. Ce qui suffit pour conclure que l’esprit ou l’âme de l’homme, autant que cela peut être connu par la philosophie naturelle, est immortelle.

Mais si on demande si Dieu, par son absolue puissance, n’a point peut-être déterminé que les âmes des hommes cessent d’être au même temps que les corps auxquels elles sont unies sont détruits, c’est à Dieu seul d’en répondre. Et puisqu’il nous a maintenant révélé que cela n’arrivera point, il ne nous doit plus rester touchant cela aucun doute.

Au reste, j’ai beaucoup à vous remercier de ce que vous avez daigné si officieusement et avec tant de franchise m’avertir non seulement des choses qui vous ont semblé dignes d’explication, mais aussi des difficultés qui pouvoient m’être faites par les athées, ou par quelques envieux et médisants. Car encore que je ne voie rien entre les choses que vous m’avez proposées que je n’eusse au-