Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/499

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toujours à notre pensée, car ainsi il n’y en auroit aucune ; mais j’entends seulement que nous avons en nous-mêmes la faculté de la produire.


OBJECTION XIe.

SUR LA TROISIÈME MÉDITATION.


[1]« Et toute la force de l’argument dont je me suis servi pour prouver l’existence de Dieu consiste en ce que je vois qu’il ne seroit pas possible que ma nature fût telle qu’elle est, c’est-à-dire que j’eusse en moi l’idée de Dieu, si Dieu n’existoit véritablement, à savoir ce même Dieu dont j’ai en moi l’idée. »

Donc, puisque ce n’est pas une chose démontrée que nous ayons en nous l’idée de Dieu, et que la religion chrétienne nous oblige de croire que Dieu est inconcevable, c’est-à-dire, selon mon opinion, qu’on n’en peut avoir d’idée, il s’ensuit que l’existence de Dieu n’a point été démontrée, et beaucoup moins la création.


RÉPONSE.


Lorsque Dieu est dit inconcevable, cela s’entend d’une conception qui le comprenne totalement et parfaitement. Au reste, j’ai déjà tant de fois expliqué comment nous avons en nous l’idée

  1. Voyez Méditation iii, page 290 .