Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/506

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arrivoit par hasard que tout triangle généralement pérît, elle cesseroit aussi d’être.

De même cette proposition, l’homme est un animal, sera vraie éternellement à cause des noms ; mais, supposé que le genre humain fût anéanti, il n’y auroit plus de nature humaine.

D’où il est évident que l’essence, en tant qu’elle est distinguée de l’existence, n’est rien autre chose qu’un assemblage de noms par le verbe est ; et partant l’essence sans l’existence est une fiction de notre esprit : et il semble que comme l’image d’un homme qui est dans l’esprit est à cet homme, ainsi l’essence est à l’existence ; ou bien comme cette proposition, Socrate est homme, est à celle-ci, Socrate est ou existe, ainsi l’essence de Socrate est à l’existence du même Socrate : or ceci, Socrate est homme, quand Socrate n’existe point, ne signifie autre chose qu’un assemblage de noms, et ce mot est ou être a sous soi l’image de l’unité d’une chose qui est désignée par deux noms.


RÉPONSE.


La distinction qui est entre l’essence et l’existence est connue de tout le monde ; et ce qui est dit ici des noms éternels, au lieu des concepts ou des idées d’une éternelle vérité, a déjà été ci-devant assez réfuté et rejeté.