Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/85

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il y a deux mille ans, sont vos amis ; songez que, dans les siècles à venir, il y aura d’autres âmes qui vous entendront de même, et que leurs pensées seront les vôtres. Vous ne formez qu’un peuple et qu’une famille avec tous les grands hommes qui furent autrefois ou qui seront un jour. Votre sort n’est pas d’exister dans un point de l’espace ou de la durée. Vivez pour tous les pays et pour tous les siècles ; étendez votre vie sur celle du genre humain. Portez vos idées encore plus haut ; ne voyez-vous point le rapport qui est entre Dieu et votre âme ? Prenez devant lui cette assurance qui sied si bien à un ami de la vérité. Quoi ! Dieu vous voit, vous entend, vous approuve, et vous seriez malheureux ! Enfin, s’il vous faut le témoignage des hommes, j’ose encore vous le promettre, non point foible et incertain, comme il l’est pendant ce rapide instant de la vie, mais universel et durable pendant la vie des siècles. Voyez la postérité qui s’avance, et qui dit à chacun de vous : Essuie tes larmes ; je viens te rendre justice et finir tes maux : c’est moi qui fais la vie des grands hommes ; c’est moi qui ai vengé Descartes de ceux qui l’outrageoient ; c’est moi qui, du milieu des rochers et des glaces, ai transporté ses cendres dans Paris ; c’est moi qui flétris les calomniateurs, et anéantis les hommes qui abusent de leur pouvoir ; c’est moi qui regarde avec mépris ces mausolées élevés dans