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Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/117

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joie, qui est une passion, avec la joie purement intellectuelle, qui vient en l’âme par la seule action de l’âme, et qu’on peut dire être une agréable émotion excitée en elle-même, par elle-même, en laquelle consiste la jouissance qu’elle a du bien que son entendement lui représente comme sien. Il est vrai que pendant que l’âme est jointe au corps, cette joie intellectuelle ne peut guère manquer d’être accompagnée de celle qui est une passion ; car, sitôt que notre entendement s’aperçoit que nous possédons quelque bien, encore que ce bien puisse être si différent de tout ce qui appartient au corps qu’il ne soit point du tout imaginable, l’imagination ne laisse pas de faire incontinent quelque impression dans le cerveau, de laquelle suit le mouvement des esprits qui excite la passion de la joie.

Art. 92. La définition de la tristesse.

La tristesse est une langueur désagréable en laquelle consiste l’incommodité que l’âme reçoit du mal, ou du défaut que les impressions du cerveau lui représentent comme lui appartenant. Et il y a aussi une tristesse intellectuelle qui n’est pas la passion, mais qui ne manque guère d’en être accompagnée. (398)

Art. 93.