Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/121

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assez adroit ou assez fort pour oser se hasarder à tel point, est cause qu’ils y prennent plaisir. Et le contentement qu’ont les vieillards lorsqu’ils se souviennent des maux qu’ils ont soufferts, vient de ce qu’ils se représentent que c’est un bien d’avoir pu nonobstant cela subsister. (401)

Art. 96. Quels sont les mouvements du sang et des esprits qui causent les cinq passions précédentes.

Les cinq passions que j’ai ici commencé à expliquer sont tellement jointes ou opposées les unes aux autres, qu’il est plus aisé de les considérer toutes ensemble que de traiter séparément de chacune, ainsi qu’il a été traité de l’admiration ; et leur cause n’est pas comme la sienne dans le cerveau seul, mais aussi dans le cœur, dans la rate, dans le foie et dans toutes les autres parties du corps, en tant qu’elles servent à la production du sang et ensuite des esprits. Car, encore que toutes les veines conduisent le sang qu’elles contiennent vers le cœur, il arrive néanmoins quelquefois que celui de quelques-unes y est poussé avec plus de force que celui des autres ; et il arrive aussi que les ouvertures par où il entre dans le cœur, ou bien celles par où il en sort, sont plus élargies ou plus resserrées une fois que l’autre.

Art. 97.