Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/129

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En la haine

Quelquefois, au contraire, il venait quelque suc étranger vers le cœur, qui n’était pas propre à entretenir la chaleur, ou même qui la pouvait éteindre ; ce qui était cause que les esprits qui montaient du cœur au cerveau excitaient en l’âme la passion de la haine. Et en même temps aussi ces esprits allaient du cerveau vers les nerfs qui pouvaient pousser du sang de la rate et des petites veines du foie vers le cœur, pour empêcher ce suc nuisible d’y entrer, et de plus vers ceux qui pouvaient repousser ce même suc vers les intestins et vers l’estomac, ou aussi quelquefois obliger l’estomac à le vomir. D’où vient que ces mêmes mouvements ont coutume d’accompagner la passion de la haine. Et on peut voir à l’œil qu’il y a dans le foie quantité de veines ou conduits assez larges par où le suc des viandes peut passer de la veine porte en la veine cave, et de là au cœur, sans s’arrêter aucunement au foie ; mais qu’il y en a aussi une (409) infinité d’autres plus petites où il peut s’arrêter, et qui contiennent toujours du sang de réserve, ainsi que fait aussi la rate ; lequel sang, étant plus grossier que celui qui est dans les autres parties du corps, peut mieux servir d’aliment au feu qui est dans le cœur