Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/140

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peuvent par après le rallumer. Or, il y a plusieurs indispositions du corps qui peuvent faire qu’on tombe ainsi en défaillance ; mais entre les passions il n’y a que l’extrême joie qu’on remarque en avoir le pouvoir ; et la façon dont je crois qu’elle cause cet effet est qu’ouvrant extraordinairement les orifices du cœur, le sang des veines y entre si à coup et en si grande quantité, qu’il n’y peut être raréfié par la chaleur assez promptement pour lever les petites peaux qui ferment les entrées de ces veines : au moyen de quoi il étouffe le feu, lequel il a coutume d’entretenir lorsqu’il n’entre dans le cœur que par mesure. (419)

Art. 123. Pourquoi on ne pâme point de tristesse.

Il semble qu’une grande tristesse qui survient inopinément doit tellement serrer les orifices du cœur qu’elle en peut aussi éteindre le feu ; mais néanmoins on n’observe point que cela arrive, ou s’il arrive, c’est très rarement ; dont je crois que la raison est qu’il ne peut guère y avoir si peu de sang dans le cœur qu’il ne suffise pour entretenir la chaleur lorsque ses orifices sont presque fermés.

Art. 124. Du