Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/159

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viens de dire de ces quatre passions n’a lieu que lorsqu’elles sont considérées précisément en elles-mêmes, et qu’elles ne nous portent à aucune action. Car, en tant qu’elles (436) excitent en nous le désir, par l’entremise duquel elles règlent nos mœurs, il est certain que toutes celles dont la cause est fausse peuvent nuire, et qu’au contraire toutes celles dont la cause est juste peuvent servir, et même que, lorsqu’elles sont également mal fondées, la joie est ordinairement plus nuisible que la tristesse, parce que celle-ci, donnant de la retenue et de la crainte, dispose en quelque façon à la prudence, au lieu que l’autre rend inconsidérés et téméraires ceux qui s’abandonnent à elle.

Art. 144. Des désirs dont l’événement ne dépend que de nous.

Mais, parce que ces passions ne nous peuvent porter à aucune action que par l’entremise du désir qu’elles excitent, c’est particulièrement ce désir que nous devons avoir soin de régler ; et c’est en cela que consiste la principale utilité de la morale. Or, comme j’ai tantôt dit qu’il est toujours bon lorsqu’il suit une vraie connaissance, ainsi il ne peut manquer d’être mauvais lorsqu’il est fondé sur quelque erreur. Et il me semble que l’erreur qu’on commet le plus ordinairement touchant les