Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/180

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qui nous n’attendons que du mal ; et si nous ne jugeons point que la cause de ce bien ou de ce mal soit libre, nous ne nous soumettons point à elle pour tâcher de l’avoir favorable. Ainsi, quand les païens avaient de la vénération pour des bois, des fontaines ou des montagnes, ce n’était pas proprement ces (455) choses mortes qu’ils révéraient, mais les divinités qu’ils pensaient y présider. Et le mouvement des esprits qui excite cette passion est composé de celui qui excite l’admiration et de celui qui excite la crainte, de laquelle je parlerai ci-après.

Art. 163. Du dédain.

Tout de même, ce que je nomme le dédain est l’inclination qu’a l’âme à mépriser une cause libre en jugeant que, bien que de sa nature elle soit capable de faire du bien et du mal, elle est néanmoins si fort au-dessous de nous qu’elle ne nous peut faire ni l’un ni l’autre. Et le mouvement des esprits qui l’excite est composé de ceux qui excitent l’admiration et la sécurité ou la hardiesse.

Art. 164. De l’usage de ces deux passions.

Et c’est la générosité et la faiblesse de l’esprit ou la bassesse qui déterminent le bon et le mauvais