Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/197

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de ceux qu’ils voient se plaindre, à cause qu’ils n’estiment point qu’aucun accident qui puisse arriver soit un si grand mal qu’est la lâcheté de ceux qui ne le peuvent souffrir avec constance ; et, bien qu’ils haïssent les vices, ils ne haïssent point pour cela ceux qu’ils y voient sujets, ils ont seulement pour eux de la pitié.

Art. 188. Qui sont ceux qui n’en sont point touchés.

Mais il n’y a que les esprits malins et envieux qui haïssent naturellement tous les hommes, ou bien ceux qui sont si brutaux, et tellement aveuglés par la bonne (471) fortune ou désespérés par la mauvaise qu’ils ne pensent point qu’aucun mal leur puisse plus arriver, qui soient insensibles à la pitié.

Art. 189. Pourquoi cette passion excite à pleurer.

Au reste, on pleure fort aisément en cette passion, à cause que l’amour, envoyant beaucoup de sang vers le cœur, fait qu’il sort beaucoup de vapeurs par les yeux, et que la froideur de la tristesse, retardant l’agitation de ces vapeurs, fait qu’elles se changent en larmes, suivant ce qui a été dit ci-dessus.

Art. 190.