Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/200

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De la faveur.

La faveur est proprement un désir de voir arriver du bien à quelqu’un pour qui on a de la bonne volonté ; mais je me sers ici de ce mot pour signifier cette volonté en tant qu’elle est excitée en nous par quelque bonne action de celui pour qui nous l’avons. Car nous sommes naturellement portés à aimer ceux qui font des choses que nous estimons bonnes, encore qu’il ne nous en revienne aucun bien. La faveur, en cette signification, est une espèce d’amour, non point de désir, encore que le désir de voir du bien à celui qu’on favorise l’accompagne toujours. Et elle est ordinairement jointe à la pitié, à cause que les disgrâces que nous voyons arriver aux malheureux sont cause que nous faisons plus de réflexion sur leurs mérites.

Art. 193. De la reconnaissance.

La reconnaissance est aussi une espèce d’amour excitée en nous par quelque action de celui pour qui (474) nous l’avons, et par laquelle nous croyons qu’il nous a fait quelque bien, ou du moins qu’il en a eu intention. Ainsi elle contient tout le même que