Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/455

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans la cavité gauche, et de là dans la grande artère, par où il sort.

Que si on ne veut pas prendre la peine d’ouvrir ainsi un animal vif, il faut seulement considérer la façon dont les chirurgiens ont coutume delier le bras pour saigner : car s’ils le lient médiocrement fort, un peu plus haut, c’est-à-dire un peu plus proche du cœur, que l’endroit où ils ouvrent la veine, le sang sortira en plus grande abondance que si le bras n’étoit point lié, mais s’ils le lient trop fort le sang s’arrêtera ; comme aussi il s’arrêtera s’ils le lient un peu plus loin du cœur que n’est l’endroit où ils ouvrent la veine, encore qu’ils ne serrent pas beaucoup le lien.

Ce qui fait voir manifestement que le cours ordinaire du sang est, d’être porté vers les mains et les autres extrémités du corps par les artères, et de retourner de là par les veines vers le cœur ; et cela a déjà été si clairement prouvé par Harvœus, qu’il ne peut plus être mis en doute que par ceux qui sont si attachés à leurs préjugés, ou si accoutumés à mettre tout en dispute, qu’ils ne savent pas distinguer les raisons vraies et certaines d’avec celles qui sont fausses et probables.

18. Réfutation d’Harvœus touchant le mouvement du cœur,

Mais Harvœus n’a pas, ce me semble, si bien réussi en ce qui regarde le mouvement du cœur ; car il s’est imaginé, contre l’opinion commune des autres médecins, et contre le jugement ordinaire de la