Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/459

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est que le sang ne sort pas du cœur avec les mêmes qualités qu’il avoit en y entrant, mais qu’il en sort beaucoup plus chaud, plus raréfié et plus agité. Or, en supposant que le cœur se meut en la façon qu’Harvœus le décrit, non seulement il faut imaginer quelque faculté qui cause ce mouvement, la nature de laquelle est beaucoup plus difficile à concevoir que tout ce qu’il prétend expliquer par elle, mais il faudrait supposer outre cela d’autres facultés qui changeassent les qualités du sang pendant qu’il est dans le cœur, au lieu qu’en considérant la seule dilatation de ce sang, qui doit suivre nécessairement de la chaleur que tout le monde reconnoît être plus grande dans le cœur qu’en toutes les autres parties du corps, on voit clairement que cette seule dilatation est suffisante pour mouvoir le cœur en la façon que j’ai décrite, et ensemble pour changer la nature da sang autant que l’expérience fait voir qu’elle se change, et même aussi autant qu’on puisse imaginer qu’elle doive être changée afin que ce sang soit préparé et rendu plus propre à servir de nourriture à tous les membres, et à être employé à tous les autres usages auxquels il sert dans le corps ; en sorte qu’il ne faut point supposer pour cela aucunes facultés inconnues ou étrangères.

Car quelle préparation sauroit-on imaginer plus grande et plus prompte que celle qui est faite par