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DISCOURS NEUVIÈME. 133

NOPR, qui en cette lunette fait l’office de la prunelle, et dans lequel se croisent ceux de ces rayons qui viennent de divers points, étant beaucoup plus proche de l’objet que de l’œil, est cause qu’ils s’étendent sur les extrémités du nerf optique en un espace beaucoup plus grand que n’est la superficie de l’objet d’où ils viennent ; et vous savez qu’ils y doivent avoir d’autant moins de force qu’ils y sont plus étendus, comme on voit, au contraire, qu’étant rassemblés en un plus petit espace par un miroir ou verre brûlant, ils en ont plus : et c’est de là que dépend la longueur de cette lunette, c’est-à-dire la distance qui doit être entre l’hyperbole NOP et son point brûlant ; car d’autant qu’elle est plus longue, d’autant l’image de l’objet est plus étendue dans le fond de l’œil, ce qui fait que toutes ses petites parties y sont plus distinctes : mais cela même affoiblit aussi tellement leur action qu’enfin elle ne pourroit plus être sentie si cette lunette étoit par trop longue ; en sorte que sa plus grande longueur ne peut être déterminée que par l’expérience, et même elle varie selon que les objets peuvent plus ou moins avoir de lumière sans en être consumés. Je sais bien qu’on pourroit encore ajouter quelques autres moyens pour rendre cette lumière plus forte ; mais, outre qu’ils seroient plus malaisés à mettre en pratique, à peine trouveroit-on des objets qui en pussent souffrir da-