Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/176

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qui est vers B, nonobstant que ses parties soient un peu plus serrées, d’autant que je les suppose beaucoup moins agitées. Et, au contraire, celle qui est vers D est plus chaude, d’autant que ses parties sont supposées beaucoup plus serrées et seulement un peu moins agitées. Et celle qui est vers F est plus froide que celle qui est vers E, nonobstant que ses parties ne soient ni moins serrées ni moins agitées ; d’autant qu’elles s’accordent plus à se mouvoir en même sens, ce qui est cause qu’elles ne peuvent tant ébranler les petites parties des autres corps ; ainsi qu’un vent qui souffle toujours de même façon, quoique très fort, n’agite pas tant les feuilles et les branches d’une forêt qu’un plus foible qui est moins égal. Et vous pourrez connoître par expérience que c’est en cette agitation des petites parties des corps terrestres que consiste la chaleur, si, soufflant assez fort contres vos doigts joints ensemble, vous prenez garde que l’haleine qui sortira de votre bouche vous semblera froide au-dessus de votre main, où, passant fort vite et d’égale force, elle ne causera guère d’agitation ; au lieu que vous la sentirez assez chaude dans les entre-deux de vos doigts, où, passant plus inégalement et lentement, elle agitera davantage leurs petites parties. Ainsi qu’on la sent aussi toujours chaude lorsqu’on souffle ayant la bouche fort ouverte, et froide lorsqu’on souffle l’ayant presque