Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Or cette grêle peut être de plusieurs sortes ; car, premièrement, si le vent froid qui la cause rencontre des gouttes d’eau déjà formées, il en fait des grains de glace tout transparents et tout ronds, excepté qu’il les rend quelquefois un peu plats du côté qu’il les pousse. Et s’il rencontre des flocons de neige presque fondus, mais qui ne soient point encore arrondis en gouttes d’eau, alors il en fait cette grêle cornue et de diverses figures irrégulières dont quelquefois les grains se trouvent fort gros, à cause qu’ils sont formés par un vent froid qui, chassant la nue de haut en bas, pousse plusieurs de ces flocons l’un contre l’autre et les gèle tous en une masse. Et il est ici à remarquer que, lorsque ce vent approche de ces flocons qui se fondent, il fait que la chaleur de l’air qui les environne, c’est-à-dire la matière subtile la plus agitée et la moins subtile qui soit en cet air, se retire dans leurs pores, à cause qu’il ne les peut pas du tout sitôt pénétrer. En même façon que sur terre quelquefois, lorsqu’il arrive tout-à-coup un vent ou une pluie qui refroidit l’air du dehors, il entre plus de chaleur qu’auparavant dans les maisons. Et la chaleur qui est dans les pores de ces flocons se tient plutôt vers leurs superficies que vers leurs centres, d’autant que la matière subtile qui la cause y peut mieux, continuer ses mouvements : et là elle les fond de plus en plus un peu devant qu’ils com-