Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/262

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nuer son mouvement enligne droite aussi vite que son agitation le requiert : et ainsi il compose un tourbillon, qui peut n’être point accompagné de foudre ni d’éclairs, s’il n’y a point en cet air d’exhalaisons qui soient propres à s’enflammer ; mais lorsqu’il y en a, elles s’assemblent toutes en un tas, et étant chassées fort impétueusement, avec cet air vers la terre, elles composent la foudres ; et cette foudre peut brûler les habits et raser le poil sans nuire au corps, si ces exhalaisons, qui ont ordinairement l’odeur du soufre, ne sont que grasses et huileuses, en sorte qu’elles composent une flamme légère qui ne s’attache qu’aux corps aisés à brûler ; comme au contraire elle peut rompre les os sans endommager les chairs, ou fondre l’épée sans gâter le fourreau, si ces exhalaisons, étant fort subtiles et pénétrantes, ne participent que de la nature des sels volatils ou des eaux-fortes, au moyen de quoi, ne faisant aucun effort contre les corps qui leur cèdent, elles brisent et dissolvent tous ceux qui leur font beaucoup de résistance, ainsi qu’on voit l’eau-forte dissoudre les métaux les plus durs, et n’agir point contre la cire. Enfin la foudre se peut quelquefois convertir en une pierre fort dure, qui rompt et fracasse tout ce qu’elle rencontre, si parmi ces exhalaisons fort pénétrantes il y en a quantité de ces autres qui sont grasses et ensoufrées ; principalement s’il y en a aussi de plus